Ordre et créativité ne font jamais bon ménage.
Tout esprit créatif pur jus est forcément bordélique ! c'est dans le bordel que l'on voit apparaître les idées, pas dans l'ordre !
L'ordre est pas définition artificiel, la vie est chaotique puis devient ordonnée lorsque l'on commence à concevoir quelque chose qu a un sens.
A l'époque où je faisais énormément de robot avec mes Lego mindstorm, j'ai un jour acheté des casiers à tiroir histoire de classer toutes mes pièces, résultat : plus aucune imagination car plus aucun visuel sur mes pièces ! j'ai tout balancé et tout reversé dans ma grande caisse comme avant ! ^^
ça s'appelle la preuve par l'expérience !
Idem dans mon garage, c'est un bordel "organisé". Il n'y a que moi qui sais où sont les choses, par contre quand je bricole ça devient très rapidement l’apocalypse (pour les autres) mais pour moi c'est juste le contraire, je réorganise mon espace de travail en fonction de ce que je fais. Donc pour moi c'est ordonné, classé, pour quelqu'un d'autre c'est le bordel car ça n'est pas SON organisation.
Tout est dans la subjectivité !
Je suis d'accord, à ce sujet je vous livre un petit texte que j'ai écrit il y a quelques années pour lutter contre la mode exclusive de l'ordre et du rangement dans l'industrie...Mais il faut aussi prendre en compte que la performance globale est la combinaison de qualités différentes et complémentaires; Chaque étape d'une création nécessite ses propres points forts et à ce titre l'ordre et la rigueur sont aussi nécessaires pour créer. Exclure l'une ou l'autre, être l'extrémiste de l'une ou l'autre est aussi une erreur me semble-t'il...
Des ordres ou désordre ?
Au moment d’entreprendre une opération radicale pour mettre à mal le fatras régnant sur son bureau, le manager s’offre un instant d’égarement. Eliminer le désordre ou non, tel est son dilemme…nombre de fois où la juxtaposition anarchique de documents hétéroclites et sans rapport ont fait germer en lui des idées nouvelles ! Ce qui est vrai pour son espace de travail, ne le serait-il pas pour son organisation ?
Convaincu que son principal objectif est d’ordonner pour optimiser, il se rend compte avec angoisse que cet ordre qu’il recherche est aussi porteur de chaos. Plus l’organisation est ordonnée, planifiée, rigidifiée et plus elle est sensible au moindre grain de sable. Une organisation hyper ordonnée est une organisation statique, figée, qui se retrouve rapidement fragilisée par son décalage avec les multi-paramètres de son environnement en évolution continue.
Ca lui donne des sueurs au manager. Pour être efficace il faut ordonner, mais il met ainsi en danger son organisation.
Comment supporter l’idée que l’ordre est mortel, le désordre aussi ? Le manager doit-il choisir entre la corde et l’échafaud ?
Parce que ça lui fait peur le chaos, la perte de contrôle, la fuite éperdue des équilibres. Ca lui fait peur, mais il sent intuitivement aussi que le désordre est nécessaire pour engendrer la nouveauté et stimuler la créativité. Il comprend aussi que le désordre malgré tout aboutit à de nouvelles cohérences et engendre des organisations innovantes qui s’autorégulent. Le désordre est un véritable carburant du changement et crée des micro-ordres en mouvement. Il sent ce concept, le manager, mais ne peut le concrétiser, le transformer en pratique quotidienne de management. Ne doit-il pas faire la différence entre l’ordre imposé et l’ordre naturel, l’évolution ordonnée ?
Il a le cerveau en feu, le manager, quand son esprit divague ainsi et fait des allers-retours entre les vices et les vertus de l’ordre et du désordre. Mais comment peut-il faire pour expliquer à ses équipes qu’elles doivent respecter les règles jusqu’à la moindre virgule, quand lui-même est convaincu que le désordre de son bureau l’oblige à une veille permanente et salutaire ?
Comment peut-il convaincre ces collaborateurs de s’engager sur des méthodes reconnues et efficaces basées sur l’ordre et le rangement (5S en milieu industriel par exemple), en ayant la crainte permanente d’appauvrir le potentiel créatif de son organisation ?
Comment peut-il promouvoir ces méthodes, véritables chemins tracés sans ignorer la richesse des voies détournées ?
Pourquoi ne rien laisser au hasard alors que le hasard est source de progrès, de nouveauté, d’évolution ?
Il se souvient, le manager, de ses lointains cours de mécanique des fluides où le professeur faisait remarquer avec malice que le régime turbulent est beaucoup plus efficace dans les échanges thermiques avec l’extérieur que le pauvre régime laminaire…
Le manager doit mettre en place une organisation apprenante, culturellement tournée vers le changement, capable d’auto-organisation. Il doit en être le régulateur, pas l'ordonnateur.
L’ordre c’est la contrainte, les directives, la hiérarchie, la routine, l'ennui, l'inertie, le contrôle, la certitude, les normes et finalement l’assoupissement.
Le désordre c'est la rapidité, les turbulences, la nouveauté, le changement, l'imprévu, le renouvellement, les risques, le doute, l'autonomie, la liberté, et finalement le progrès.
Opposer ces deux notions est stérile, le manager vient de réaliser que son rôle est de gérer ce mélange subtil d'ordre et de désordre, mélange qu'on appelle complexité...
Le manager sourit, le triste état de son bureau lui a encore inspiré des idées nouvelles...