27) Installer des panneaux solaires sur la toiture de sa résidence.

Plusieurs motivations peuvent servir de facteur déclenchant. Il ne faut pas se leurrer, une telle installation présente un coût important. Aussi, à supposer que vous disposiez des fonds nécessaires, il me semble important de bien peser le pour et le contre. Pour vous proposer quelques pistes de réflexion, dans un premier temps examinons (Exemple vécu …) la forme sous laquelle pourrait se présenter l’opportunité d’envisager une telle installation chez vous :
Ayant la chance d’avoir été en mesure de le faire, un petit placement financier que vous aviez contracté il y a belle lurette arrive à son terme, et votre conseiller vous a prévenu qu’il faudrait réaliser les sommes et envisager un autre placement. Comme nous sommes à une époque où les banques ne vous proposent que des placements risqués ou des misères dont le rapport est inférieur à l’inflation, vous ne savez trop que faire. Sollicité par téléphone, on vous propose une étude gratuite pour « du solaire ». C’est le facteur déclenchant … pourquoi pas ?
Vous acceptez alors la visite d’un commercial qui vous tient un langage parfaitement rodé du genre :
– C’est de l’auto financement, je vais vous expliquer. Nous sommes partenaires avec EDF qui, si vous êtes éligibles, finance une partie de votre projet. EDF vous reprend l’électricité générée par notre installation, et vous allez gagner de l’argent. En plus vous allez gagner en confort dans votre maison l’été, car la nuit le système ventile blablabla.
Suite à ces préliminaires, le démarcheur va évaluer la surface de toiture pouvant recevoir leurs produits, l’orientation de cette dernière. Puis, compte tenu de la région de résidence et des statistiques météorologiques qu’il connait par cÅ“ur, la région lui étant à ses dires familière, il effectue un savant calcul pour déterminer
si oui ou non vous êtes éligibles. Comme il utilise des abaques et sa calculette, car visiblement c’est du sérieux, vous êtes sur des charbons ardents et après quelques minutes de savants calculs :
– C’est bon, les conditions sont excellentes, vous êtes éligibles !
Un devis de l’installation est établi, et si vous êtes tenté par l’opportunité de mettre le pied dans le futur, alors toute la paperasse incontournable sera mise à votre disposition. Devis acceptés, engagement avec EDF, qui finance truc% dès que les travaux seront achevés et que le miracle de la technologie va s’accomplir et que votre maison servira à fournir de l’électricité au reste de la population, vous plongez.

Pourquoi couvrir un pan de toiture de cellules photovoltaïques.

À mon sens, trois sources de motivation peuvent nous engager à franchir le pas. Sans compter bien entendu que le foyer doit posséder un niveau de vie suffisant pour pouvoir mettre « de coté » les sommes nécessaires à investir dans une telle installation. (Ce qui suppose à la base que vous soyez propriétaire de votre habitation, privilège qui ne constitue pas forcément une évidence !)
1) Passionné de nouvelles technologie, vous avez envie de mettre le pied dans la modernité,
2) « Écologiste » jusqu’au bout des ongles vous désirez faire un effort pour préserver la planète,
3) Alléché par l’idée d’un investissement financier rentable sur le moyen terme.
Examinons chacun de ces thèmes possibles en commençant par le cas1  . C’est celui qui sera le plus facile à justifier, et pour cause … pas besoin ! En effet, tous, un jour où l’autre, on peut avoir un coup de cÅ“ur qui nous engagera dans une « petite folie ». Dans ce cas, il n’y a strictement aucune raison de se justifier, pas plus que lorsque l’on se finance un VTT ou que l’on contracte un abonnement au stade pour le foot. Si tel est le cas et que vos finances le permettent sans pénaliser le foyer : Pas d’objection est ma conviction.

Cas 2 on veut préserver notre Terre. Faisant partie de ces personnes qui adoptent un mode de vie dans lequel polluer le moins possible devient un pléonasme, conscient que c’est l’avenir de nos enfants que l’on condamne par nos trop fréquentes exagérations, vous décidez d’investir vos économies pour préserver notre mère nourricière. Mauvaise pioche !
En effet, contrairement à ce que pérorent les médias à tout va, une installation voltaïque n’a strictement rien d’écologique et ce pour plusieurs raisons. Pour la fabriquer, on va engager de l’énergie, donc polluer. On va puiser dans les ressources terrestres en matériaux « précieux », donc appauvrir la planète sans compter l’énergie consommée pour trouver ces produits. Quand votre installation sera opérationnelle, elle va engendrer de la pollution électromagnétique, et de la chaleur. Enfin, quand cette machinerie sera usée au point de ne plus se justifier … pas de recyclage des matériaux actuellement connus pour ce type de technologie. En conclusion, si vraiment vous désirez faire un cadeau à la Terre, consacrez votre argent à une association écologique qui replante des arbres dans le monde … Ça c’est écolo !

Chère lectrice, cher lecteur, avant d’aborder le cas financier 3, je tiens à préciser qu’en aucun cas je souhaite me poser en donneur de leçons, je suis très mal placé pour me montrer en exemple. Ce chapitre n’a qu’un seul but : Vous proposer quelques pistes de réflexion, et éventuellement vous permettre de porter un regard plus objectif sur toutes ces merveilles technologiques qui vont, je le crois, finir par s’imposer plus ou moins avec les évolutions des mentalités. Reste que le tout bon ou tout mauvais n’existe pas, aussi je crois bénéfique d’être à l’écoute et de systématiquement chercher à comparer les avantages et les inconvénients, quel que soit le domaine abordé.

Avantage financier d’une installation photovoltaïque.

Soyons honnêtes, même si l’on invoquera des critères purement écoloplanétaires quand on vantera les mérites de cette installation qu’avec fierté on présentera à nos amis, la plus forte probabilité de décision réside dans l’espoir d’avoir fait « une bonne affaire ». Si dans un fort intérieur, ce sont les arguments financiers proposés par le démarcher qui vous poussent à franchir le pas, alors parlons finance et commençons par décortiquer les « mots clef » utilisés par le commercial, qui vous a rendu visite :
– C’est de l’auto financement …
Verbiage qui fait nettement moins peur que « Vous allez payer entièrement l’installation ». Hors toute l’année, vous autofinancez. Par exemple quand vous passez à la caisse pour payer vos provisions, c’est de l’autofinancement. Donc cette phraséologie anesthésie discrètement le : « Faudra payer ».
– je vais vous expliquer.
Rassurez-vous, les explications qui vont vous démonter l’avantage, non : LES AVANTAGES d’une telle installation seront un peu compliquées, mais au final, chez vous, ici, avec cette maison, dans cette région, la situation est très favorable, et vous serez rapidement bénéficiaire …
РNous sommes partenaires avec EDF qui, si vous ̻tes ̩ligibles, finance une partie de votre projet.
Vous remarquerez que chaque fois que vous êtes sollicités par téléphone, votre interlocuteur est toujours partenaire d’un organisme « sérieux ». Pour provoquer la confiance on n’a pas encore trouvé mieux. Ensuite, les détails sur ce que financera l’organisme en question sont toujours proposés en termes un peu « compliqués » et permettent de noyer le poisson. Enfin, le plus significatif c’est le vocable éligibles. Dans notre inconscient il signifie : On ne vous accordera ce privilège qui si c’est méga rentable.

Éligibilité … OUI ou NON ?

Raison d’être de toute entreprise : Vendre. Ça s’appelle le commerce, et à son nom on peut tout justifier. Ne nous leurrons pas, le seul but du démarcher qui vient chez vous, ce qui pour son entreprise présente un coût important, c’est de vous « fourguer » une installation. C’est son gagne pain, et je peux vous assurer qu’il se moque pas mal que ce soit pour vous une bonne ou une mauvaise opération. Et vous constaterez par vous même que … après tous ses calculs et vérifications … avec un beau sourire de sa part, la réponse sera à 100% des cas : OUI, vous êtes éligibles !
Aussi, on ne peut tenir de tels propos péremptoires sans un minimum de justifications. Je vais donc vous proposer quelques questionnements à engager avec votre visiteur pour estimer plus objectivement la rentabilité d’une telle installation, que ce soit sur le plan physique ou sur le plan financier.
Rentabilité physique.
C’est bien connu, la plus belle fille au monde ne peut donner que ce qu’elle a. Pour une installation solaire, sa rentabilité sera fonction de sa technologie. C’est un facteur sur lequel on peut difficilement se renseigner, mais on peut estimer qu’à une époque donnée, toutes les entreprises qui sont sur le marché proposent des produits équivalents. L’orientation des panneaux solaires est fondamentale. Si vous avez un tant soit peu expérimenté votre cellule photovoltaïque avec ce didacticiel, vous avez forcément constaté que l’orientation en hauteur et en azimut joue un rôle fondamental. Abordons l’orientation en hauteur, dans l’hypothèse où la direction en azimut est parfaite. On va commencer par un tout chtipeu d’astronomie. Comme il faut raisonner sur du concret, nous allons supposer que l’habitation se trouve dans la région de Cahors. La Fig.85 tracée avec précision présente la hauteur du Soleil à la latitude de 44° aux périodes singulières de l’année. En particulier aux Équinoxes le Soleil S culmine à 44° quand il transite au méridien local. Puis, à la belle saison, il se hisse de 23,5° plus haut au Solstice d’été. Ensuite il redescend pour se retrouver à 44° en hauteur à l’Équinoxe d’automne. Enfin, en hiver quand il est au plus bas, au Solstice d’hiver il arrive tout juste à monter aux dessus des arbres du voisinage.
Analysons maintenant l’influence de la hauteur solaire sur le flux d’énergie capté par l’installation photovoltaïque. On va envisager l’installation de la Fig.86 pour laquelle le panneau solaire est incliné de 44° sur l’horizontale, privilégiant les Équinoxes. C’est le cas A pour lequel la « surface » de lumière captée est la plus grande. On collectera un maximum d’énergie. Pour l’été, la « largeur » de capture B est un peu plus faible. Donc on perd un peu de flux solaire et le rendement énergétique est un peu moins bon. C’est dommage, car c’est en été que l’on risque le moins des couvertures nuageuses. Il importe de bien comprendre que plus le Soleil est proche du plan des panneaux, moins il ne fournit d’énergie sur ces derniers. Par exemple en D la « largeur » énergétique est à peine 1/3 de celle en A. Du reste si on dispose le panneau « par la tranche », les cellules ne collectent plus aucun électron. En C les conditions sont très mauvaises, car l’inclinaison collecte moins d’énergie, et surtout on favorise la saison hivernale, c’est à dire la période nuageuse, le soleil étant masqué de plus par les arbres.
Influence de la pente de la toiture.
Dans l’état actuel de la technologie, les panneaux solaires remplacent la couverture, et sont disposés parallèlement à la pente de cette dernière. Dans nos régions, les pentes des toitures ressemblent à du 30°, c’est à dire le cas P1 sur la Fig.87, avec le panneau solaire colorié en bleu. C’est une orientation favorable, car elle privilégie la belle saison puisque les cellules « regardent » un peu plus vers le haut. Pour les régions « plus froides », on augmente la pente des toitures pour diminuer le poids de la neige et favoriser son glissement. Avec des pentes de 50° ou plus comme en P2 on collectera sur l’année moins d’énergie, car on favorise des époques moins ensoleillées. C’est donc un facteur à prendre en compte dans notre réflexion.

Orientation en azimut de l’habitation.

Facteur décisif à prendre en compte pour la prise de décision, c’est à mon sens un élément fondamental à placer en tête des critères, encore que les statistiques météorologiques me semblent primordiales. Si les anales des stations locales annoncent à peine 20% d’ensoleillement par an … abandonnez l’idée de panneaux solaires ! Considérons la Fig.88 sur laquelle l’habitation est vue par dessus. Pour les études qui précèdes, nous avions supposé que la maison était idéalement orientée, c’est à dire comme pour le cas A la pente de la toiture étant dirigée directement vers le méridien local, c’est à dire plein SUD. L’installation dans ce cas collecte un maximum d’énergie dans la journée s’il n’y a pas de nuage. Observons maintenant les cas B et C pour lesquels la maison est orientée à 30° d’écart du méridien local. Cette déviation est proprement catastrophique, car les cellules ne collecteront le maximum de flux que lorsque le Soleil sera directement dans leur direction. À 30° par rapport au méridien il est très bas sur l’horizon, autant dire que la baisse de flux collecté est considérable. Pour faire l’expérience c’est facile. L’été, vous attendez 14H, c’est à dire le moment ou le Soleil est au plus haut. Vous mesurer l’intensité débitée par votre petite cellule photovoltaïque. Sans en changer l’orientation en hauteur, vous la déviez horizontalement à 30° de chaque coté. Vous allez être médusés. De plus c’est l’été, le Soleil est haut. Alors imaginez l’hiver, ce serait bien étonnant qu’il ne se trouve pas « aussi bas » que des arbres ou des constructions qui alors masquent l’astre diurne. CONCLUSION : Si la déviation par rapport au SUD dépasse les 20°, le solaire devient une illusion.

Rentabilité financière.

Figurez-vous que mon habitation est orientée au 115° comme représenté sur la Fig.89 avec la pente qui devait supporter l’installation dirigée vers l’Est. Par rapport à la géographie locale, sur le dessin ont été reproduit les cas A, B et C. Sachant que le cas B est déjà peu envisageable au sens du rendement physique de l’installation, on constate que la déviation D est considérable. Ce que ne montre pas le dessin, c’est que dans la direction vers laquelle seraient dirigés d’éventuels panneaux solaires, le relief monte 20° au dessus de l’horizon. Sur cette butte de terre sont plantés de beaux chênes dont la hauteur représente un angle par rapport à l’horizon de 70°. Autant dire de depuis début Novembre jusqu’à fin Avril à aucun moment le Soleil ne s’élève au dessus de ces obstacles. Oui, l’hiver les chênes perdent leurs feuilles, mais c’est un petit bois qui orne le secteur, je peux vous garantir que l’obstruction est considérable. Et bien malgré ces conditions c’est magique, le cas étudié par le commercial est réputé éligible. Franchement, ce n’est pas crédible. Du reste quand on a constitué le dossier, sur lequel la quantité d’énergie collectée par année et supposée verbalement certifiée, le commercial a refusé catégoriquement de remplacer le terme « estimation » par « garantie ». Comme j’avais prévu un délai de réflexion et qu’entre temps j’ai réalisé la petite station solaire, vous allez certainement en déduire que je n’ai pas donné suite …
Supposons que chez vous la situation soit idéale. Il fait soleil la plus grande partie de l’année, la pente de toiture est de 30° et de plus, elle est orientée plein Sud géographique, en résumé du parfait. On peut alors raisonnablement envisager le placement financier. À partir de quand l’opération sera t’elle intéressante pour le client ? Il faut dans un premier temps que les sommes qui vous seront versées par EDF en dédommagement de l’électricité fournie, couvrent le capital investi, augmenté des intérêts qu’auraient rapporté ce dernière si il était placé dans un quelconque produit boursiers. Vous allez vous rendre compte qu’il faut environ 28 à 32 ans, à supposer que d’une part EDF durant toute cette période vous rétribue au même tarif, en francs constants, et que l’énergie réellement collectée corresponde à celle prédite. Hors n’importe quelle technologie vieillit. Ce que ne dit pas le commercial, c’est la baisse lente mais réelle du rendement des cellules, car ces dernières l’été chauffent considérablement. (Vous ne laissez pas la main sur le panneau en plein été à midi.) Donc au fil du temps lentement la situation se dégrade. Par ailleurs, toutes les personnes qui vivent sous une toiture savent qu’un « Velux » se salit. Il se couvre de poussière, qui avec la rosée ou la pluie lentement moisit. Aussi, assez régulièrement il faut basculer le vantail pour laver la vitre. Les panneaux solaires vont subir forcément de telles salissures. Êtes-vous prêt à monter sur la toiture au moins une fois tous les trois mois pour les laver ? Si tel n’est pas le cas, les salissures diminueront également le rendement de la belle technologie. Enfin, sur une aussi longue période, on doit envisager les pannes, car à mon sens aucune machine placée dans des conditions aussi délicates (Échauffements des cellules, des composants électroniques dans l’armoire électrique, surtensions dues aux orages et à la foudre …) ne peut fonctionner sans risquer des incidents technologiques. Il y aura alors perte financière car non collecte d’énergie, et frais de dépannage.
Bref, vi vous désirez effectuer un placement financier, pesez bien le pour et le contre d’une installation électrique solaire, car ce n’est pas forcément la meilleure solution. Si ce trop long chapitre ne vous a pas trop barbé, vous disposez de pas mal d’informations qui devraient aider à prendre une décision en toute connaissance de cause. Et puis surtout, lorsqu’un commercial viendra vous rendre visite, insistez pour qu’il vous démontre avec précision et en termes simples :
• Qu’à moyen terme, (Et pas à titre posthume !) l’installation va réellement vous faire du bénéfice,
• Chiffres à l’appui : Combien de temps pour récupérer le capital investi,
• Chiffres à l’appui : Combien de temps pour  »  »  »  » ce qu’il aurait rapporté étant placé durant ce temps,
• Comment il a pris en compte pour évaluer l’énergie collectée, la météorologie locale, (Valeurs publiques officielles et non un baratin du genre : « Dans votre région c’est idéal blablabla. ») et surtout l’influence des obstacles qui masqueront éventuellement le Soleil au cours de l’année.
Vous pourrez alors vous faire une idée si la bonne affaire est pour son commerce uniquement, ou si c’est une transaction équitable. Ce ne sera probablement pas facile, car ce n’est pas élémentaire.

La fin est ici.